Du Pays Imaginaire

Du Pays Imaginaire Chihuahua

Chihuahua

Mise bas

Mise bas

Mise-bas (normale et anormale)

RACE(S) : toutes

 

 

Par le Dr Xavier LEVY et le Dr Philippe MIMOUNI du Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-ouest (CRECS)

Conditions optimales pour la mise bas



 

De façon idéale, il convient de prévoir une caisse de mise bas (voir dessin ci-dessous) et d'y habituer la mère dès la dernière semaine de la gestation. Elle doit être située dans un endroit propre qui peut être chauffé facilement et surveillé efficacement.





Pour les chiennes de grandes races, des barres anti-écrasement empêchent les pertes néonatales par écrasement. Chaque fois que cela est possible, il est préférable que les chiennes mettent bas dans leur environnement familier et non en hospitalisation. En effet, la mise-bas est retardée chez un animal dérangé ou stressé.

Le rappel des différentes étapes du part et de la durée moyenne habituelle est un préalable indispensable à la reconnaissance d'une dystocie* (ou mise bas anormale) (photo 1 ci dessous).



1. Dystocie

 



 

Détermination du terme de la gestation

 

Les signes précurseurs de la mise bas : 



 1/ La montée laiteuse : 

une semaine avant chez les pluripares (déjà eue une mise bas), deux à trois jours chez les primipares (première mise bas)



 2/ Dilatation et relâchement vulvaires :

L'aspect basculé du bassin qui correspond à la distension des ligaments du bassin et de la symphyse pubienne et le relâchement vulvaires, sont des signes assez nets chez certaines pluripares, mais ils restent subjectifs.



 3/ Fonte du bouchon muqueux (bouchon fermant le col de l’utérus) :

 matérialisée par l'apparition d'une glaire filante aux lèvres de la vulve et souvent repères par les propriétaires, a lieu en moyenne 24 heures avant le début du travail : elle signe l'ouverture du col de l’utérus.



 4/ Dilatation du col 

Signe non exploitable dans l'espèce canine. En effet, le vagin de la chienne est très long et n’est donc visualisable que par vidéo-vaginoscopie (possible au CRECS).



 5/ La chute de la température corporelle (relevé matin et soir pendant au moins trois jours) :

24 heures avant le début du travail baisse de 1° par rapport à la moyenne de sa température, contemporaine de l'effondrement de la progestérone sérique. En général, la température baisse transitoirement sous les 37°C.

Rq : il existe une variation naturelle de la température (37.4 – 38 – 37.2 …) dans les derniers jours, souvent pris à tort pour une chute de température. 



 6/ Des contractions utérines :

elles apparaissent pendant la deuxième moitié de la gestation. Elles s'accentuent dans les dernières 48 heures et s'accompagnent de modifications comportementales : 

- la femelle est agitée, inquiète, haletante. 

- Elle gratte comme pour préparer un "nid " imaginaire, s'isole ou bien, à l'inverse recherche la présence de son maître.

Les contractions abdominales (visibles extérieurement) ont lieu quand un chiot s’engage dans la filière pelvienne : expulsion imminente indispensable.



 7/ Des pertes vulvaires teintées de vert (utéro-verdine) :

observables dés qu'il y a décollement placentaire : dans les heures à minutes qui précèdent l’expulsion du premier chiot



8/ Le dosage de la progestérone sanguine

Chute à moins de 2 ng/ml 24 à 36 heures avant le part. 

Une chute inférieure à 2 ng/ml pendant plus de 48 heures sans mise bas est un signe de fort risque de mortalité fœtale.

 



 

MISE-BAS EUTOCIQUE (normale)




 

Déclenchement de la mise-bas



La mise-bas normale chez la chienne est le résultat d'une cascade d'événements endocriniens (non totalement élucidés) induite par les fœtus.

Dans le cas d'une portée peu nombreuse ou de fœtus morts, la mise-bas peut ne pas se déclencher.( Exemple sur une femelle de grande race avec un chiot unique)

Chez la chienne, la concentration en progestérone plasmatique doit être inférieure à 2 ng/ml pour que le travail puisse commencer.

 La chute du taux de progestérone se traduit entre autres par une chute transitoire de la température rectale de 1°C. La prise de la température rectale 3 à 4 fois par jour après le 54ième jour de gestation ou le dosage direct du taux de progestérone plasmatique peut aider à déterminer l'imminence de la mise-bas.



Etapes de la mise-bas :





Stade 1 : Cette étape commence avec le début des contractions utérines et se termine lorsque le col est totalement dilaté.

Les contractions utérines ne sont pas visibles extérieurement et la dilatation du col n'est pas palpable. La durée moyenne de cette étape est de 6 à 12 heures avec un maximum de 24 heures. La femelle est agitée et essoufflée. Les pertes vulvaires, si il y en a, sont claires et mucoides(  bouchon muqueux).



Stade 2 : C'est l'étape de l'expulsion des chiots, elle débute avec la dilatation maximale du col et se termine par l'expulsion des foetus. 

Les contractions abdominales accompagnant les expulsions sont évidentes. Les chiots sont expulsés toutes les 30 à 60 minutes en moyenne. La mère rompt le cordon ombilical si l'expulsion ne l'a pas physiquement permis et lèche les chiots vigoureusement afin de les débarrasser des membranes et de stimuler leur respiration. L'ordre de délivrance montre une alternance entre les deux cornes utérines.

La durée de cette étape varie en fonction de la taille de la portée, souvent 3 à 6 heures, et jusqu'à 24 heures. 



Stade 3 : Cette étape réside dans l'expulsion des placentas( délivrance).

La durée varie également en fonction de la taille de la portée. La femelle en général alterne expulsion de chiots et de placentas. Si on la laisse faire, la femelle ingère les placentas immédiatement. Cette étape est souvent mêlée à la deuxième chez la chienne et la chatte.

 

Surveillance du travail



 - La détection du déclenchement de la mise-bas relève d'une part de l'observation du comportement de la femelle par le propriétaire, et d'autre part par la mise en évidence de la chute transitoire de température rectale.

- La fréquence cardiaque fœtale normale en fin de gestation est de 170 à 230 bpm (environ 2.5 X celui de la mère)

En cas de suspicion de difficulté à la mise bas, le vétérinaire évalue rapidement la présence d’une souffrance fœtale à l’aide d’une échographie cardiaque des fœtus. En effet, par réflexe, en cas de souffrance et donc de manque d’oxygène (hypoxie) le fœtus ralentie la fréquence de ses battements cardiaques afin d’économiser son oxygène (réduction de la dépense en énergie musculaire).

- Un rythme de 150-160 bpm indique un stress.

- Un fœtus avec une fréquence cardiaque de moins de 130 bpm a peu de chance de survivre et doit être sorti sous 2-3 heures.

- Un fœtus à moins de 100 bpm nécessite une intervention immédiate.



 

Surveillance du post-partum 



 Ne pas laisser la femelle consommer tous les placentas. Ils ne sont d'aucun bénéfice et peuvent même être à l'origine de gastroentérite : diarrhée profuse.

 De plus compter les placentas émis par rapport au nombre de chiots nés permet de s'assurer qu'il ne reste aucune membrane foetale dans l'utérus.

Souvent les éleveurs réclament de l'ocytocine pour aider la chienne à évacuer. Il n'est pas nécessaire d'en administrer lorsqu'il y a des chiots qui tètent car cela stimule la production d'ocytocine endogène, et lorsque la femelle a bien expulsé tous les placentas. Il existe des préparations moins toniques favorisant une bonne vidange de l’utérus (Wombyl®, ..)

Les lochies sont les pertes vaginales normales du post-partum. Leur couleur varie de rouge brique à vert noirâtre, elles n'ont pas d'odeur, et peuvent persister jusqu'à 3 semaines.

La chienne doit être surveillée tous les jours : alimentation, température rectale, pertes vulvaires.

Les pathologies du post-partum sont nombreuses : mammites, métrites, subinvolutions des zones d'insertion placentaire, et éclampsie.



 



MISE-BAS DYSTOCIQUE (anormale)

 

 

Dystocie signifie mise-bas anormale ou difficile.

L'incidence des dystocies est plus importante dans certaines races : Bouledogues, Chihuahua, Pékinois, Yorkshire Terrier entre autres.

Les causes de dystocie peuvent être maternelles ou fœtale.

Il y a dystocie:

- lorsque chez une chienne à terme les délais normaux se trouvent dépassés;

- lorsque l'accouchement est anormalement long

 -lorsque la chienne présente des contractions infructueuses, violentes ou douloureuses

Il convient d'être rapide et précis dans l'établissement du diagnostic de type de dystocie en cause pour sauver la chienne et les produits de la portée.

L'examen du vétérinaire  s'appuie sur le commémoratifs et prend en compte en priorité l'état général de la chienne. La nature des pertes vulvaires et le degré de dilatation des voies génitales postérieures sont appréciés par une exploration digitale vaginale (gants stériles et nettoyage vulve avec solution stérile non toxique pour les chiots). On peut noter alors la présence de contractions (en pressant le plafond du vagin), l'engagement du chiot éventuellement, sa présentation , sa vitalité ( en présentation antérieure : reflex de succion), l'existence d'un vice de posture.

Le vétérinaire pourra pratiquer 2 clichés radiographiques, incidence face et profil pour connaître le nombre de chiots à naître, pour dépister une disproportion foeto-maternelle relative, une anomalie du bassin de la mère ou encore un vice de position ou de postures. De plus certains signes radiologiques sont caractéristiques de mort fœtale (aspect  recroquevillé du squelette, chevauchement des os du crâne, emphysème fœtal).



 

Causes de dystocie



Causes maternelles :



Inertie utérine, taille inadéquate de la filière pelvienne, défaut de contractions abdominales.

- L'inertie utérine est l'une des causes les plus courantes de dystocie chez la chienne. Il s'agit d'un défaut dans la séquence des contractions associé à un échec dans l'expulsion des fœtus.

L'inertie utérine primaire peut être totale lorsque la mise-bas s'arrête à l'étape 1, ou partielle si la mise-bas commence normalement mais les contractions cessant, ne se poursuit pas par l'expulsion des fœtus. Bien que les causes de l'inertie primaire ne soient pas claires, il s'agirait d'une prédisposition héréditaire.

Lors d'inertie utérine secondaire, la mise-bas démarre normalement mais l'étape 2 se prolonge suite à une obstruction fœtale.

- Une taille inadéquate de la filière pelvienne peut être le résultat de causes variées : anomalie congénitale, fracture pelvienne, obstruction de la filière pelvienne par une torsion utérine (rare).

- Une rupture du diaphragme, l'obésité peuvent être à l'origine d'un défaut de contraction des muscles abdominaux aboutissant à une mise-bas anormale.

Causes fœtales :



Disproportion fœtale, orientation anormale du fœtus à l'entrée de la filière pelvienne.

Le fœtus lorsqu'il est unique peut être trop gros. Il peut également y avoir dans la portée un monstre,  un anasarque, ou un hydrocéphale.

 Les présentations antérieure ( 60 % des cas) et postérieure( 40 % des cas) sont normales chez la chienne. Par contre une présentation postérieure avec les postérieurs repliés sous le corps ou une présentation antérieure avec les antérieurs repliés sous le corps sont susceptibles d'entraîner une dystocie. Quant à la présentation transverse, elle entraîne systématiquement une dystocie par obstruction. Moins fréquentes, les anomalies de position du cou des fœtus ou la position dite « du chien assis » conduisent au même résultat.



 

Diagnostic



La difficulté réside donc dans le diagnostic de la dystocie.

Commémoratifs (=évènements) :

Durée de gestation prolongée : c'est à dire pas de naissance dans les 36 heures suivant la chute de progestérone à moins de 2 ng/ml, ou dans les 24 heures suivant la chute de température.

Etape 1 : travail durant depuis plus de 12 heures.

Etape 2 : travail puissant durant plus de 30 minutes infructueux,  ou travail faible durant plus de 4 heures et infructueux.

Intervalle depuis l'expulsion du dernier chiot supérieur à 2 heures.

Pertes vulvaires anormales, des pertes verdâtres (utéroverdine) indiquant un désengrènement placentaire. Elles peuvent aussi être hémorragiques ou purulentes.



Examen clinique :

S'assurer que la chienne est bien gestante et à terme par dosage de la progestérone.

Il faut s'assurer que le travail a bien commencé et progresse de façon anormale, et ce par un examen clinique complet, un toucher vaginal, et des examens complémentaires.

L'examen clinique renseigne sur l'état de la femelle qui peut présenter une douleur abdominale anormale ou un état de choc.

Le toucher vaginal révèle d'une part l'avancée du travail, d'autre part la présence de fœtus obstruant la filière pelvienne avec ou sans orientation anormale et enfin la présence de pertes.

Des analyses de sang permettront le diagnostic d’un trouble du métabolisme ou une insuffisance organique (foie, …).

La radiographie et l'échographie sont des examens complémentaires essentiels. Ils permettent de confirmer le diagnostic de dystocie et d'évaluer les causes et complications.

Dosage de la progestéronemie

Dans les 20 derniers jours 4 à 15 ng/ml

Chute brutale à moins de 2 ng/ml dans les12 à 36 h avant le part

 



Traitement des dystocies



Le but est de sortir vivant et vigoureux les produits de la femelle sans compromettre sa santé.

Les manoeuvres obstétricales ont pour objet de délivrer un chiot coincé dans la filière pelvienne quand sa taille et sa position le permettent ou quand il s'agit du dernier chiot d'une portée non expulsé suite à une inertie utérine. Ces manœuvres  sont difficiles à mettre en place dans les petites races.

La femelle doit être en position debout, on utilise 2 doigts gantés et lubrifiés. Les extrémités d'un chiot ne doivent pas être saisis sous peine de séquelles. Il faut faire un usage raisonné et extrêmement prudent des instruments obstétricaux.



Traitement médical :

Lorsque la chienne est en bonne santé, le col relâché et dilaté, la taille fœtale appropriée et que le travail s'interrompt, un traitement médical peut être mis en place dans le but de relancer les contractions utérines

 

• L'ocytocine est le produit le plus utilisé. Attention, l’ocytocine engendre une contraction forcée et intense de l’utérus. 

Si le chiot ne peut pas passer (obstruction ou sub-obstruction), l’ocytocine va :

- épuiser le muscle par tétanie et celui-ci ne pourra définitivement plus fonctionner

- le chiot va souffrir plus rapidement : l’utérus comprime le chiot et accélère son asphixie

- l’utérus peut éclater : rare mais très grave.



• Le calcium est souvent administré conjointement à l'ocytocine. Le calcium est le carburant aux contractions, il permet d'augmenter la force des contractions même si la calcémie ionisée semble dans les normes 

Le calcium, uniquement en cas de mise bas languissante, peut être administré par le propriétaire par voie orale (sans danger) et par le vétérinaire par voie intra-veineuse (sous monitoring cardiaque : risque de crise cardiaque si mal utilisé).



  • La chienne sera perfusée et complémentée en glucose si cela est nécessaire.

 Traitement chirurgical :

 La chirurgie la plus couramment pratiquée lors de dystocie est la césarienne. L’épisiotomie est rarement nécessaire chez la chienne.

 

Réanimation des nouveau-nés



Dégager leurs voies aériennes supérieures, frotter les nouveau-nés vigoureusement pour stimuler la respiration et les réchauffer, leur administrer un analeptique respiratoire et de l'oxygène.





A SAVOIR :



  • Le premier chiot doit sortir dans les 6 heures maximum suivant la perte des eaux ou un désengrènement placentaire (pertes vertes foncées);

  • Si plus de 2 heures séparent 2 expulsions, il est impératif de contrôler si la chienne. Ce délai doit être ramené à 30 minutes si l'on observe des contractions vi lentes sans répit.

  • Si après la perte des eaux, la poche amniotique n'apparaît pas dans les 12 heures, mieux vaut consulter.

  • Si les contractions d'expulsion ne suivent pas la protrusion de la poche amniotique risque majeur d'inertie utérine (absence de contraction).

Le chiot nouveau-né étant incapable de réaliser sa régulation thermique par suite d'immaturité physiologique, il convient de lui éviter tout refroidissement qui entraînerait une hypothermie fatale.



 

Lutter contre l'anoxie (manque d’oxygène) :



Les chiots nés d'un part long ou dystocique sont souvent anoxiques. Une réanimation est alors nécessaire. Elle fait appel à des gestes simples mais souvent salvateurs:

• débarrasser les chiots de leurs enveloppes foetales

• Dégagement des voies respiratoires par aspiration à l'aide d’un mouche bébé ou d’une poire. Le nouveau né peut être placé tête en bas 30 secondes. Des frictions et des massages de la cage thoracique facilitent le dégagement des voies aériennes. Lors de présentation postérieure, les voies aériennes supérieures sont souvent encombrées

• Administration d'oxygène : l'idéal est de placer le nouveau-né dans un milieu enrichi en O2 et à hygrométrie contrôlée par exemple une couveuse pédiatrique oxygénée. Il est aussi possible de ballonner le chiot (attention à ne pas créer une surpression dans les poumons)

Les chiots qui ont souffert d'anoxie primitive trop longtemps peuvent avoir subi des lésions d'anoxie irréversibles (notamment du système nerveux central). Ils présentent dans les jours qui suivent la mise bas des signes de dépérissement et peuvent mourir.



 

Le réchauffement et les soins



  Le réchauffement du nouveau-né doit être très progressif, car ses capacités d'adaptation cardiovasculaire sont très imitées. Un réchauffement brutal risque d'induire un choc mortel.

De plus l'hypothermie joue un rôle protecteur vis-à-vis de l'anoxie sur les centres nerveux supérieurs (l'hypothermie induit aussi la consommation des sources énergétiques (glucose, glycogène) qui sont indispensables à la lutte contre l'anoxie).

Les soins doivent être prolongés jusqu'à ce que le réflexe de succion réapparaisse et que le chiot puisse être rendu à la mère.





Les Dangers du terme dépassé 



 

Un terme dépassé peut entraîner la mort foetale avec macération consécutive, ou la momification foetale*. Toutes deux sont mises en évidence par échographie (battements cardiaques) ou radiographie (images aériques 6 h, dislocations osseuses 48 h).

- Durée de gestation après fécondation = 60 jours

- Survie des spermatozoïdes 5 à 7 jours

- Importance date exacte de saillie

 

En cas de terme dépassé, il convient de préparer la chienne à une césarienne .