Du Pays Imaginaire

Du Pays Imaginaire Chihuahua

Chihuahua

Gestation

RACE(S) : toutes

Par le Dr Xavier LEVY et le Dr Philippe MIMOUNI du Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-ouest (CRECS)



La chienne présente une gestation courte de deux mois. 



La durée apparente de gestation est de 57 à 70 jours si l’on prend comme point de repère le jour de saillie.


La durée de gestation « réelle » est de 60 à 62 jours par rapport au jour de saillie (si la chienne est saillie au moment optimum de fécondation).



La fécondation entre les ovules et les spermatozoïdes prend place dans l’oviducte (extrémité de l’utérus) puis les embryons pénètrent dans les cornes utérines vers le 11ème jour. Ensuite, les embryons baignent dans le « lait utérin » jusqu’à leur fixation à la paroi de l’utérus, via le placenta, vers le 16ème jour : la nidation.



Ensuite, les embryons se développent peu à peu dans la poche amniotique, raccordés à la mère par le cordon ombilical.

La croissance des fœtus est majeure dans le dernier tiers de gestation entre 45 et 60 jours.



La progestérone, sécrétée par les corps jaunes* dans les ovaires, assure le maintien de la gestation. D’autres hormones sont produites par le placenta, dont la relaxine, indispensable notamment au relâchement des tissus péri-pubiens avant la mise bas.



Le squelette des chiots commence à s’ossifier autour du 42ème jourde gestation, l’ossification est nette à partir du 50ème jour.

 

Intérêt de réaliser un diagnostic de gestation



- Savoir précocement si une chienne est gestante ou non. L’orientation diagnostique chez une chienne « vide » est différente si celle-ci avorte précocement ou si elle ne présente aucune gestation.



- Estimation du nombre de chiots à naitre. Permet d’adapter l’alimentation en fin de gestation, d’évaluer le risque de mise bas difficile (nombre important de chiots ou à l’inverse risque de syndrome du chiot unique*). Enfin oriente le propriétaire pour les réservations de chiots.



- Evaluer la croissance des chiots, la présence d’une résorption (avortement précoce), d’une anomalie de développement (disproportion entre les ampoules embryonnaires).

 

Méthodes diagnostiques



Modifications extérieures de la chienne :



  - Élargissement de l'abdomen à partir de la  4ème semaine

  - S'accompagne d'une ptôse abdominale* lors du deuxième mois, en cas de portée nombreuse.

  - Développement des mamelles : dès 25 à 30 jours

Les mamelles sont dures, turgescentes et congestionnées. Le cordon mammaire est bien visible. Ce signe est peu fiable car il est aussi présent chez des chiennes non gestantes (pseudo-gestation).

  - Écoulements vulvaires séreux et/ou blanchâtres peu abondants peuvent apparaître vers 25-30 jours : ils sont rares mais ne signent pas l’existence un pyomètre, et lorsqu’ils existent, sont quasi pathognomoniques d’une gestation. Attention,  à ne pas confondre avec un pyomètre.

 

Palpation



  - La palpation est à réaliser avec la plus grande souplesse possible car elle peut être à l'origine d’un avortement si elle est effectuée trop fréquemment et sans douceur. 

  - Les embryons forment une série d'ampoules ovales dans l'utérus gravide, les plus caudales pouvant être palpées à travers la paroi abdominale à partir du 21ème jour environ.

  - Après 35 jours, la palpation ne permet plus de mettre en évidence les ampoules fœtales car elles augmentent de taille, puis confluent, et ne sont plus individualisables. On ne peut pas faire la différence avec des selles dans le colon.

  - A partir de 45 jours la palpation des reliefs osseux permet de nouveau de mettre en évidence les fœtus.

 

Auscultation 



  - En fin de gestation, les fœtus ont une fréquence cardiaque de 220 à 240 battements par minute, avant, il est difficile de les détecter.

  - L'auscultation est surtout intéressante au moment d'une mise bas, lors d'un post-terme par exemple, afin de déterminer si les fœtus sont encore vivants (voir fiche spécifique dans les « techniques médicales »).

  - Les cœurs fœtaux sont souvent difficiles à entendre chez les grandes chiennes.



Remarque : il existe des doppler (petits boitiers) permettant de rechercher la présence de battements cardiaques. L’erreur principale pratiquée est la confusion entre un cœur fœtale et le bruit produit par l’aorte de la chienne.

 

Échographie abdominale



L’échographie est l’examen de choix :

  - Diagnostic précoce (photo 1)

  - Estimation de la vitalité et diagnostique précoce d’un avortement : observation des battements cardiaques (photo 1 bis), repérer des résorptions embryonnaires (photo 2) et des désengrènements placentaires.

  - Estimation du nombre de chiots

  - Evaluation de la croissance des chiots (photo 3)

Il est recommandé de réaliser l’examen entre 21 et 25 jours après l’ovulation ou 20 à 23 jours après la saillie.

Si aucun suivi de chaleur n’a été réalisé, il est préférable d’attendre 25 jours post-saillie, au cas où la chienne a été saillie trop tôt.*



1. Gestation à 21 jours



1 bis. Echographie de coeur pendant la gestation



2. Avortement - résorption embryonnaire



3. Gestation à 38 jours

 

 

Dosage hormonal de Relaxine



Chez la chienne, la relaxine est l'hormone la plus spécifique de la gestation trouvée pour l'instant. En effet, elle n'est sécrétée que chez la chienne gestante.

Elle est sécrétée initialement par le placenta, dès 3 semaines de gestation et permet le relâchement des fibres musculaires lisses de l'utérus. L'intensité du signal est indépendante de la taille de la portée. 

Il existe deux tests sanguins permettant le dosage de la relaxine.

Ces tests sont employables à partir de la 3ème semaine de gestation, cependant lorsque le test est effectué trop précocement, il y a un risque de faux-négatif. Il est donc conseillé d’attendre 25 jours pour l’effectuer. En cas de résultat négatif, il est donc conseillé de ré effectuer le dosage une semaine plus tard.

Le test permet de savoir si une chienne est gestante mais ne renseigne pas sur un avortement éventuel (le test restera positif) et sur le nombre de chiots.

Attention la progestérone est toujours élevée, elle ne permet donc pas de savoir si la chienne est gestante ou non.

 

Radiographie abdominale



La radiographie est un examen tardif qui ne présente pas d’intérêt dans le diagnostic de gestation mais qui permet une détermination précise du nombre de chiots.

D’autre part, contrairement aux idées reçues, la radiographie ne permet pas de savoir si un chiot va être capable de passer la filière pelvienne en dehors de fœtus monstrueux (anomalie majeure de croissance).

  - A partir de 45 jours:

On observe une minéralisation du squelette des fœtus qui deviennent alors visibles sur la radiographie.

En pratique, les radiographies sont réalisées la dernière semaine de gestation  afin que les squelettes soient nettement ossifiés (photo 4 ci-dessous).



4. Radiographie pendant la gestation

Remarque :

La radiographie et l’échographie ne sont pas nuisibles pour les embryons et les fœtus.

 

Suivi de gestation



Il existe de nombreuses maladies pouvant toucher la chienne et les fœtus pendant la gestation. 

Certaines races, naines principalement, sont sujettes à des déséquilibres métaboliques dans les deux dernières semaines de gestation à l’origine d’un abattement important ou pire.

Néanmoins les maladies sont rares et ne justifient pas une surveillance systématique des chiennes gestantes. 

Le contrôle est proposé en général suite à une gestation passée qui s’est mal passée ou en cas de crainte par le vétérinaire ou/et le propriétaire.

Le suivi doit être adapté aux maladies à risques ou suspectées.

 

Les maladies les plus fréquentes sont :

Diabète sucré de gestation (hyperglycémie)

Le diabète sucré gestationnel chez la chienne est une affection rare à la différence de la femme (chez qui cette pathologie hormonale concerne 2 à 12% des grossesses).

Symptômes : prise de boisson augmentée, des urines plus fréquentes et un abattement.

Traitement : consiste à essayer de réguler la glycémie par une insulinothérapie (difficile car les hormones de gestation interagissent avec traitement) ou l’avortement.

Toxémie de fin de fin de gestation et Hypoglycémie :

Surtout les petites races avec de nombreux fœtus.

Abattement, peut aller jusqu’au coma et à la mort de la chienne

Le diagnostic se fait par une analyse de sang associée à une analyse d’urine.

Le traitement est possible si la maladie est détectée tôt.

Eclampsie de fin de gestation : 

Chute de calcium anormale

Déséquilibre en calcium en fin de gestation mais aussi pendant la lactation

Facteurs de risque : 

- Chienne de petite taille

- Lactation importante : maladie plus fréquente pendant la lactation

- Supplémentation en calcium en fin de gestation sur une chienne saine

Attention : en supplémentant par excès, on risque de générer ce que l’on veut prévenir.

Symptômes : 

- Agitation inhabituelle, anxiété, gémissements,

- Salivation augmentée, 

- Rigidité de la démarche, pertes d’équilibre, et douleur lors de la marche. 

- Température élevée

- Respiration rapide

Diagnostic : analyse de sang

Traitement : supplémentation orale à intra-veineuse (sous contrôle cardiaque) selon les cas.

Un contrôle régulier, une fois par semaine dans les 15 derniers jours (ou plus selon besoins) sur les chiennes à risque permet de traiter avant que la maladie se manifeste « dramatiquement ».

Insuffisance lutéale (hypoprogestéronémie) 

Certaines chiennes peuvent présenter une chute prématurée de la production de progestérone, hormone qui assure le maintien de la gestation, au cours de la gestation.

Cette maladie est très souvent sur-diagnostiquée, il est normal d’avoir une descente progressive de celle-ci à partir de la troisième semaine de gestation.

En cas de suspicion d’insuffisance lutéale, il faut faire un suivi de la progestérone pendant les 40 à 50 premiers jours de gestation.



Glossaire :

Corps jaune : structure spéciale de couleur jaune qui se forme dans l'ovaire à l'endroit de l'ovulation et qui produit la progestérone (hormone maintenant la gestation).

Ptôse abdominale : chute des organes abdominaux, causée par le relâchement des ligaments viscéraux ou des parois abdominales. 

Syndrome du chiot unique : quand une chienne est gestante d'un seul chiot, les signaux déclencheurs de la mise-bas ne sont parfois pas suffisants pour déclancher mise-bas. Le chiot finit alors par mourir avec un risque d'infection important et le pronostic vital de la mère peut être engagé. D'où l'importance de savoir s'il n'y a qu'un seul chiot pour surveiller la mise-bas et la déclencher si besoin.

 

Texte et crédit photos : Dr Xavier LEVY et le Dr Philippe MIMOUNI du Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-ouest (CRECS)