Du Pays Imaginaire

Du Pays Imaginaire Chihuahua

Chihuahua

Consanguinite oui, non, pourquoi? ou à quel degré d'éloignement?


Beaucoup d’éleveurs se posent la question sur l’usage  de la consanguinité dans l’élevage canin. Pour ou contre ? Avantages et inconvénients ? Pourquoi tant de polémiques et pourquoi si certains prônent cette méthode comme indispensable, d’autres la clouent-elle  au pilori comme sorcellerie et source de problèmes. Certains acheteurs nous demandent aussi si le chiot qu’ils achètent est consanguin ou pas.

Je vais essayer avec humilité de vous apporter quelques lumières, mais le sujet étant ardu et source de polémique, je n’ai pas la prétention de tout expliquer en quelques lignes mais de vous rappeler quelques principes de base.

Vous avez tous sans doute entendu parler de : out-breeding, line-breeding et in-breeding lors de conversations avec d’autres éleveurs ou dans des revues spécialisées, sans que peut-être ces mots aient une signification très précise pour vous :



  • Out-breeding ou out-cross signifie en général le fait d’accoupler deux chiens qui n’ont dans leur pedigree aucun ancêtre commun.



  • Line-breeding signifie le fait d’accoupler deux chiens qui ont dans leur pedigree une parenté plus ou moins lointaine.



  • In-breeding c’est le fait d’accoupler deux chiens qui sont strictement parents entre eux : accoupler un frère et une sœur ou bien des parents avec leurs enfants, ou un oncle et une tante avec des neveux est considéré comme de l’in-breeding.





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Le mariage des cousins ou des chiens ayant une parenté plus ou moins lointaine est normalement considéré comme du line-breeding. Mais la véritable parenté est déterminée par la ressemblance des chromosomes et des gènes de chacun des sujets.



Un petit lexique des termes employés va vous permettre de comprendre mon propos :



  • chromosome : le noyau de la cellule à un certain moment de la vie cellulaire se montre comme un ensemble de filaments appelés chromosomes. Leur nombre est constant pour une espèce donnée, ils sont groupés par paires identiques sauf pour un seul couple, les chromosomes sexuels XY et XX.



  • gène : élément du chromosome porteur du message génétique.



  • gamète : spermatozoïde ou ovule



  • zygote : œuf fécondé





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Avec l’in-breeding, les facteurs désirables sont passés de dominants hybrides à dominants purs et les caractères récessifs désirables seront fixés et gardés. Accoupler force avec force donnera la force mais faiblesse avec faiblesse aura pour résultat une dégénérescence continue du type.

L’in-breeding peut perpétuer aussi bien les défauts que les qualités. La sélection rigoureuse est donc dans ce cas de la plus haute importance. Faire de la consanguinité en matière d’élevage est comme un tamis pour les caractéristiques dominantes, elles ne peuvent pas être décelées mais au moment où deux gènes récessifs s’unissent, ils ne peuvent plus passer inaperçus et l’éleveur pourra faire d’eux ce qu’il désire (ou presque).

 

Dans tous les cas « Mendel » élimine de l’élevage le mot fatalité.

Une analyse intelligente du pedigree nous donnera la source de ces caractéristiques cachées. Il nous appartiendra alors de savoir si nous devons employer tel ou tel chien pour ses qualités génétiques ou au contraire l’éliminer de notre programme d’élevage, compte tenu des défauts que nous lui connaissons et qui font partie de son bagage héréditaire.

La loi de Mendel nous donne la possibilité d’estimer un chien non pour ce qu’il est mais sur la façon dont il reproduit. Même si l’on possède le plus beau chien du monde qui, accouplé avec discernement donne une descendance manquant de qualités, celui-ci sera écarté de la reproduction.

Les progrès de la génétique vont maintenant encore plus loin pour le meilleur et pour le pire, car ils nous ont permis de déceler de nombreuses tares héréditaires qui empoisonnent la vie des éleveurs et leur coûtent très cher en tests divers.

Mais un jour prochain, un seul test ADN nous permettra de savoir quels chiens sont porteurs de tel ou tel problème. C’est déjà le cas pour certaines tares : nous saurons avec certitude, quel chien utiliser pour les éviter mais le problème de la sélection de la beauté, lui, restera entièrement entre vos mains.

Ainsi, si les mêmes caractéristiques d’un ancêtre commun s’unissent (à chaque gamète pour former un zygote) alors on réalise de l’in-breeding même si l’animal utilisé est cousin à la dixième génération.

Au contraire, si des gamètes non similaires s’unissent pour former le zygote, même s’il s’agit de frère et sœur, le résultat est le même que pour un produit issu d’une sélection out-cross.  

Sachant que l’out-cross ou out-breeding est l’accouplement d’animaux qui n’ont aucune parenté, ce type de sélection est presque impossible à réaliser si l’on examine les pedigrees dans leur ensemble et sur six générations (soit 126 chiens). On y trouvera presque toujours au moins un sujet commun surtout pour les races à faible effectif comme le King-charles, et même chez le Cavalier.

A chaque génération dans toutes les races, il y a des étalons très beaux et particulièrement « raceurs » qui ont influencé le type de la race. Ils sont toujours beaucoup utilisés ce qui permet d’avoir de beaux chiens mais aussi hélas, de diffuser des tares s’ils en sont porteurs.

Le line-breeding est efficace seulement parce qu’il porte dans le zygote la moitié des caractères unitaires.

L’in-breeding a tendance à les porter ensemble d’une façon encore plus marquée. Une compréhension nette du comportement de la génétique nous permet de mieux cerner comment et pourquoi les résultats de l’in-breeding sont ce qu’ils sont. Le lecteur qui a compris cette théorie peut en tirer ses déductions pour son programme d’élevage.

 

Toutes les variétés de races pures existantes y compris les races canines, ont été produites et se sont développées au moyen de l’in-breeding.

Les premiers éleveurs l’ont utilisé de manière empirique. Si cela fonctionnait, ils ne savaient pas pourquoi et s’ils échouaient, ils ne comprenaient pas davantage. Ils ne pouvaient réaliser aucun progrès mais les mauvais résultats auxquels ils parvenaient si souvent, les effrayaient. Car la peur vient de ce que l’on ne comprend pas

L’in-breeding fait apparaître les défauts en surface mais ceci est une véritable aubaine pour l’éleveur (je parle ici dans l’absolu). C’est en effet seulement quand ils apparaissent dans la lumière que l’éleveur peut éliminer les traits négatifs latents dans son élevage. Les chiens qui présentent ces traits négatifs doivent être stérilisés.

Bien que tout cela paraisse peut-être ardu et difficile à appliquer, pour simplifier, sachez étudier le pedigree de vos chiens. Pour cela il faut bien connaître les chiens qui le composent. Un beau chien issu sur plusieurs générations de parents de qualité, dont les frères et sœurs eux-mêmes sont de qualité, a plus de chances d’avoir fixé dans son patrimoine génétique ces qualités et de les retransmettre.

Si vous voulez utiliser un étalon ou une lice qui possède un défaut grave parce que par ailleurs, il ou elle a des qualités certaines, essayer de savoir si ce défaut existe dans cette lignée ou s’il est tout à fait accidentel. La réponse à la question vous apporte la solution.

Ne mariez jamais deux défauts ensemble car vous risquez de le fixer, ni, naturellement un défaut avec son défaut extrême (un chanfrein trop long avec un chanfrein trop court par exemple) car vous chargez de ces deux défauts le patrimoine génétique des descendants.

 

Sachez que les qualités de beauté sont hautement transmissibles lorsqu’elles sont fixées génétiquement. Les tares aussi hélas suivant un processus génétique variable suivant le problème.

Si vous avez bien suivi le raisonnement et le processus de la loi de Mendel, vous comprendrez pourquoi un beau chien né par hasard génétique de sujets eux-mêmes médiocres, ne reproduira le plus souvent que des sujets médiocres, à la différence d’un beau chien, né de parents et de grands parents de qualité, qui porte dans ses chromosomes tout un patrimoine de beauté mais aussi les tares et les défauts de la lignée... Car le danger et le pouvoir de la consanguinité sont là. La consanguinité ne crée pas le crime mais le révèle.

 

L’élevage est une tâche ardue mais passionnante, bon courage!

 

 

 

Source : Sylvie Desserne pour le Club des Epagneuls nains anglais, 4ème trimestre 2010.