Du Pays Imaginaire

Du Pays Imaginaire Chihuahua

Chihuahua

Chaleurs

Chaleurs





50 à 80% des chiennes restent « vides » (non gestantes), c'est la conséquence du mauvais choix du  moment de saillie : la chienne est saillie trop tôt ou trop tard. 



La tradition de pratiquer la saillie entre le 12ème et le 14ème jour des chaleurs ne se justifie que dans 50 à 70% des cas : encore faut il bien déterminer le premier jour des chaleurs.

Plus de deux tiers des causes de faibles portées sont causées par un moment de saillie non optimal : les spermatozoïdes ont été stockés dans les voies génitales femelles en attendant la fécondation possible ou les ovules ont commencé à dégénérer le jour de la première saillie.





Le principe du suivi de chaleurs : on détermine le jour de l’ovulation, on en déduit le moment optimum pour la fécondation (deux à trois jours post-ovulation).

 

Intérêts du suivi de chaleur :



- Se déplacer pour une saillie ou une saillie « appuyée » (deux saillies) dans une fourchette de deux jours, ainsi :

  · on évite de se déplacer pendant plus d’une semaine, 

  · on évite de laisser la chienne en garde pendant toute la durée des chaleurs,

  · on minimise les risques de refus de saillie



- Limiter les risques de chienne « vide »



- Informer assez précisément de la date de mise bas, ce qui permet de déterminer le jour d’une césarienne planifiée par exemple.

 



 

Nous allons détailler ci-dessous l’ensemble des paramètres permettant de suivre les chaleurs avec leurs intérêts et leurs limites. L’objectif est de déterminer le jour de l’ovulation, point de repère fixe qui permet de préciser quand la chienne est prête à être saillie ou inséminée.

 

1. Acceptation du mâle



Intérêt : facile 



Limites : la femelle accepte le mâle à la fin du pro-oestrus et durant la plus grande partie de l'oestrus (soit environ 10 jours). 

La survie des spermatozoïdes de « qualité » est estimée à 5 jours en moyenne (parfois jusqu'à 7 jours) et les ovules fécondables de survivent que 48 heures (parfois 72 h).

Il est donc important qu'il y ait une adéquation parfaite entre la saillie et l'ovulation de manière à optimiser les chances de fécondation.

La période d'acceptation du mâle est trop longue et soumise à trop de variations pour être retenue comme un critère fiable. D'autres techniques sont donc nécessaires.



Remarque : certains rares mâles, qualifiés de bon souffleur, sont capables d’identifier la période idéale de saillie.

 

2. Aspect de la vulve et des écoulements



En général, dans la période de l’oestrus, la vulve est gonflée et légèrement flétrie en comparaison avec le début des chaleurs (vulve turgescente, voir photo 1).



1. Vulve pendant oestrus (chaleurs)



En général, les écoulements vulvaires sont moins abondants et peu ou pas hémorragiques au moment de l’œstrus.

De nombreuses chiennes ne suivent pas cette évolution classique ce qui nécessite une bonne inspection par le propriétaire.

L’aspect de la vulve n’a d’intérêt que d’identifier le début des chaleurs mais pas de déterminer le moment optimum de saillie.

 

3. Frottis vaginaux



Intérêts :

- Identifier le stade du cycle sexuel : proestrus, oestrus (photo 2), métoestrus et anoestrus. 

- Identifier la sortie des chaleurs : la chienne n’est plus prête (photo 3)

- Identifier la présence d’une inflammation du vagin (vaginite) (photo 4)

- Identifier certaines anomalies hormonales pendant le cycle sexuel



2. Frottis oestrus (chaleurs)



3. frottis transition, sortie de chaleurs



4. Frottis Vaginite (infection du vagin)

 

Limite :

Permet d’identifier la phase « étendue » d’une dizaine de jours dans laquelle la chienne ovule et doit être saillie mais pas la période réelle de fertilité d’environ trois jours.

Technique :

- On utilise un écouvillon stérile introduit dans la partie la plus antérieure du vagin : on récolte sur l’écouvillon les cellules du vagin puis on étale les cellules sur une lame (de microscope).

- On colore la lame (après étalement) avec différents types de coloration selon les besoins

- La lecture se réalise à plusieurs grossissements. Une lecture précise du frottis en dehors de la période de l’œstrus nécessite de l’expérience.





4. Mesure de résistance du mucus vaginal



A l’instar du suivi de chaleur chez le renard, différents fabricants commercialisent des machines permettant de mesurer les variations de résistivité du mucus vaginal de la chienne. Le mucus se modifiant au cours du cycle, cette technique permet d’approcher la période de fertilité de la chienne.

Bien que souvent annoncé par les fabricants comme l’outil de choix, il n’apporte dans la réalité pas plus de précision qu’un frottis vaginal correctement réalisé.



Intérêts :

Facile d’utilisation

Détermination de la phase de l’oestrus



Limites :

Ne détermine pas précisément le jour de l’ovulation et/ou les jours idéaux de saillie.

N’évalue pas la présence d’une vaginite.

 

5. Dosages hormonaux



Œstrogènes : aucun intérêt dans le suivi de chaleur

LH (hormone lutéinisante) : la LH est l’hormone qui déclenche l’ovulation dans les jours qui suivent (environ 48 heures). 

La détermination du pic de LH permet de prédire le moment de l'ovulation, mais il existe une variation fréquente entre le pic « estimé » de LH et l’ovulation : plateau de 2 à 4 jours.

Il existe des kits semi-quantitatifs permettant d’évaluer la période du pic de LH, mais cette méthode seule est insuffisante. La technique est au final coûteuse et limitée.

 

Progestérone sanguine (photo 5)

La chienne présente deux particularités :

- la progestérone augmente avant l’ovulation contrairement aux autres mammifères

- la valeur de la progestérone est assez fixe, pour un laboratoire donné, au moment de l’ovulation quelque soit la chienne et la race.



Attention : la valeur après l’ovulation varie considérablement d’une chienne à l’autre. Entre 48 et 72 heures après l’ovulation, la progestérone selon la chienne varie de 10 à plus de 50 ng/ml, en moyenne 15 à 30 ng/ml.

Ainsi, contrairement à des idées reçues, la valeur en progestérone au moment de la saillie n’a pas beaucoup d’intérêt pour savoir si la chienne est prête ou non : on peut uniquement dire que la chienne a bien ovulée (valeur élevée) mais sans préciser si il y a 48 heures ou plus de 7 jours (chienne non fécondable).

Intérêts :

Le suivi de la progestérone sanguine de la chienne pendant ses chaleurs permet de déterminer à 24 heures près quand la chienne ovule et donc quand elle est fécondable : 48 à 72 heures après.

Limites :

Ne permet pas de diagnostiquer l’origine d’un cycle anormal : chaleurs prolongées, répétées anormalement …

La technique de dosage est la principale limite :

- Les dosages colorimétriques (semi-quantitatifs) sont approximatifs si utilisés seuls. Insuffisant pour l’utilisation d’une semence réfrigérée ou congelée.

- Le laboratoire doit être étalonné pour le suivi de la chienne. Le résultat d’une analyse de laboratoire varie d’un laboratoire à l’autre : il n’existe pas de résultat universel. Il est nécessaire pour être précis de comparer les résultats du laboratoire avec un laboratoire de référence vétérinaire (CRECS, CERCA, CERREC, …) pour déterminer la correspondance entre les deux laboratoires. Aucun laboratoire humain n’est étalonné pour la chienne par défaut (ils sont uniquement calibrés).

Ex : une chienne est dosée à 6 ng/ml par un laboratoire de référence (CRECS, CERCA, CERREC) : valeur d’ovulation. 

La même prise de sang dosée dans des laboratoires humains donnera un résultat variant de 4 à 10 ng/ml : 4 ng/ml correspond à une chienne qui n’a pas encore ovulée, 10 ng/ml a une chienne qui a déjà ovulée. 

Selon le laboratoire, si on ne connaît pas la correspondance des valeurs, il peut y avoir un écart de plus de 48 heures sur la détermination du jour de l’ovulation et de moment de saillie.

Technique :

Des prises de sang sont régulièrement réalisés jusqu’à un résultat prouvant l’ovulation. En général, deux à quatre dosages sont suffisants pour déterminer le jour d’ovulation et donc de saillie.



5. Machine à dosage hormonal quantitatif

 

6. Echographie ovarienne



Les ovaires sont deux organes situés en arrière des reins sous les muscles lombaires.

Avant l’ovulation, les ovules murissent dans des follicules. Les follicules grossissent petit à petit en début de chaleur et sont visibles comme des petites cavités à l’échographie. 

Au moment de l’ovulation, la plupart des cavités disparaissent : affaissement des follicules avec expulsion des ovules.

Deux à trois jours près l’ovulation, de nouvelles cavités deviennent visibles : les corps jaunes, organites responsables de la sécrétion de progestérone indispensable au maintien de la gestation.



Intérêts :

Détermination la plus précise du moment de l’ovulation, à moins de 12 heures près (si besoin) (photos 6 et 7).



6. follicule préovulatoire, image d'ovulation imminente



7. Cycle de la chienne



Estimation du nombre de follicules et donc de chiots potentiels : permet de savoir si la chienne à le potentiel ou non d’avoir une grosse portée

Diagnostic précoce d’une anomalie responsable d’une infertilité : kyste ovarien, etc.



Limites :

Echographe de haute qualité

Expérience du vétérinaire



Technique :

Il n’est pas nécessaire de tondre la chienne.





Texte et crédit photos : Dr Xavier LEVY et Dr Philippe MIMOUNI du Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-ouest (CRECS)