Du Pays Imaginaire

Du Pays Imaginaire Chihuahua

Chihuahua

Maladies après mise bas

Les troubles du post-partum sont en règle générale :



- des urgences psychologiques. Ils sont généralement d'apparition brutale. Les propriétaires déjà sensibilisés par le "spectacle" de la mise-bas les considèrent d'emblée comme alarmants.



- des urgences gynécologiques. Ils mettent en danger la vie de la mère et/ou de sa portée. Ils peuvent porter atteinte de manière irréversible à l'avenir reproducteur de la femelle. Dans tous les cas, ils posent des problèmes d'allaitement de la portée.

 

1. Hémorragie post-partum

Affection relativement rare. Elle est souvent décelée uniquement 3 à 4 jours après la mise bas. En effet, les pertes normales et importantes dues à la mise-bas masquent l'hémorragie.

Origine



L'hémorragie est la plupart du temps la cause d'une mauvaise involution des zones d'insertion placentaire. Elle peut cependant être la conséquence d'un trouble de la coagulation d’origine héréditaire telle que la maladie de Von Willebrand. Une analyse de sang permet au besoin d’évaluer les facteurs de la coagulation.



Symptômes



Ils apparaissent le troisième ou le quatrième jour suivant la mise bas, les pertes vulvaires apparaissent exagérément sanguinolentes et dans certains cas graves, la chienne présentera des signes caractéristiques d'une perte sanguine : léthargie, pâleur des muqueuses et un pouls petit et rapide



Traitement



Certains médicaments favorisent la contraction utérine afin d’essayer d’arrêter le saignement.

Une transfusion sanguine est parfois nécessaire

Une ablation des ovaires et de l’utérus peut être la seule solution.

 

Prolapsus* utérin

Généralités



Le prolapsus* utérin est très rare chez la chienne. Il peut cependant apparaître quand le col de l’utérus est ouvert juste avant et après la mise bas (généralement un accouchement se déroulant rapidement). Il concerne le col, une corne ou tout ou partie des deux cornes. Il apparaît souvent après la naissance du dernier chiot.



Diagnostic



Le diagnostic est basé sur l'examen clinique, l'aspect de la masse extériorisée et un examen manuel du vagin effectué avec douceur.



 prolapsus utérin : les deux cornes sont à l’extérieur



Traitement



Le principe du traitement est de remettre en place l'utérus et de prévenir toute infection utérine.

La réduction manuelle est rarement possible et une laparotomie* est généralement nécessaire.

L'hystéropexie (suture de l'utérus à la paroi abdominale inférieure) recommandée par certains auteurs est à éviter car elle prédispose à l'inertie utérine dans les gestations futures, voire même à la rupture utérine à l'endroit de la fixation.

Si le tissu est nécrosé* en grande partie ou les ligaments suspenseurs de l’utérus totalement rompus, une ablation de l’utérus peut être nécessaire.

 

3. Métrite aigue post partum

Généralités



La métrite aiguë est une affection d'origine bactérienne survenant immédiatement après la mise bas ou à la suite d'un avortement. Elle intervient généralement dans la semaine suivant la mise-bas.

Elle correspond a une inflammation suraigüe de l’ensemble des couches de la paroi utérine (muqueuse et muscle).



Origine



Elle peut être provoquée par un avortement, une infection ou une mort fœtale, des manœuvres obstétricales, une rétention placentaire ou d'un fœtus. Elle peut également suivre une parturition en apparence normale ou d'une durée prolongée.



Signes cliniques



Les premiers signes cliniques apparaissent entre le 1er et 3ème ( jusqu' à 7 jours) jour après la mise bas. La chienne présente alors les signes suivants :

- écoulement vulvaire muco-purulent et malodorant, de couleur rouge-marron

Remarque : des pertes importantes inodores et de couleur vert-noirâtre peuvent être visibles chez la chienne saine pendant 3 semaines après la mise bas, c'est normal.



métrite post-partum

- hyperthermie (> 40° C, fièvre)

- adynamie

- anorexie

- agalactie (absence de sécretion de lait) totale et parfois une mammite associée

- désintérêt de la chienne pour ses chiots.

- entérite et vomissements associés (dus au léchage de la vulve).  La palpation abdominale peut mettre en évidence un utérus volumineux.

 

L'aggravation des signes cliniques peut être très rapide.

Différentes complications sont alors possibles :

- la péritonite (douleur abdominale très intense)

- la gangrène utérine (mort brutale de la chienne)

- la septicémie puerpérale (température rectale très élevée > 41° C)

- la pyohémie puerpérale : les bactéries vont s'emboliser dans différents organes, tels le cœur (endocardites valvulaires, myocardite), le poumon, la rate, le foie, la mamelle (évolution d'une mammite gangreneuse).

-  La métrite peut devenir chronique et entraîner une infertilité.

 

Biologie clinique (examens complémentaires)



Le vétérinaire doit réaliser différents examens permettant d’évaluer les répercussions de l’affection.

Une cytologie des pertes vulvaires et surtout une bactériologie sont indispensables à réaliser : détermination précise des la bactérie responsable et profil de sensibilité aux antibiotiques (voir photo frottis ci-dessous).

Une radiographie et une échographie permettent d’évaluer l’intégrité de la paroi de l’utérus : rupture, atrophie, rétention fœtale (voir photoradio ci-dessous) ou placentaire, etc.



 

frottis métrite : présence de très nombreux polynucléaires (cellules de l’inflammation)

 

 

 

Radio : rétention fœtale (dans l'utérus)



 

Traitement



En premier lieu, il convient au vétérinaire d’évaluer la nécessité de corriger la déshydratation et les déséquilibres ioniques  par une mise sous perfusion adaptée.

Une antibiothérapie adaptée est toujours nécessaire : la voie intraveineuse est parfois nécessaire en traitement d’attaque.

D’autres traitements facilitant la vidange utérine sont souvent réalisés. On évité en général les traitements trop puissant au début : risque de rupture utérine.

L’ablation de l’utérus est parfois nécessaire, mais rare en première intention.

 

Il est recommandé d'enlever les chiots de la mère dés que la diagnostic de métrite est posé (contamination du lait possible) , de les nourrir artificiellement et de les remettre à téter uniquement quand l'état de la mère le permet.

Il faudra toutefois faire attention à l'antibiothérapie administrée à la mère lorsque les chiots tètent : risque de toxicité.



4. Sub-involution des zones d’insertion placentaires

Rare, ce trouble est provoqué par le retard (voire l'absence) de l'involution* des zones de placentation de l'utérus.



Symptômes



Les chiennes atteintes ont des pertes vulvaires séro-sanguinolentes, qui persistent plus longtemps que la normale après la mise bas. plus de 6 semaines après la parturition.

L'état général de l'animal n'est pas affecté jusqu'à ce que les pertes de sang deviennent suffisamment conséquentes pour entraîner une anémie par hémorragie.

L'écoulement vulvaire peut varier d'un aspect séreux à franchement hémorragique et peut être très léger à très abondant.

Dans des cas exceptionnels, généralement à la suite d'une mise bas difficile, cette affection peut se compliquer d'une perforation utérine ou d'une péritonite.

Ce trouble régresse généralement spontanément dans les mois qui suivent. Certaines races développent fréquemment cette anomalie et les saignements s’arrêtent souvent aux chaleurs suivantes.

L’affection est le plus souvent sans répercussion clinique et sans altération de la fertilité ultérieure de la chienne.

Le diagnostic différentiel du vétérinaire nécessitera d'éliminer tout d'abord toutes les causes d'hématurie ou de coagulopathie.

 

Diagnostic



Le diagnostic est le plus souvent clinique.

Différents examens complémentaires doivent être réalisés afin d’exclure une affection plus grave : persistance placentaire, métrorragie, coagulopathie, etc.

Un frottis vaginal permet parfois un diagnostic de certitude, rarement observé en pratique : mise en évidence de cellules particulières ("trophoblast like cells").

 



Frottis de sub-involution des zones d’insertion placentaire 

Traitements



Aucun traitement médical n’est efficace.

Lors de saignement léger (quelques gouttes par jour) sans répercussion sur le taux de globules rouges, l’arrêt se fera spontanément (parfois aux prochaines chaleurs).

En cas de saignement marqué, une autre affection doit être évaluée et une transfusion ou/et une ablation des utérus est parfois nécessaire.



 

Soins à la chienne qui met bas



A la fin de l'accouchement, la couche de la chienne sera nettoyée. La chienne sera nettoyée et séchée.



Un placenta doit avoir été expulsé avec chaque petit, sinon il faudra suspecter une rétention placentaire.



La température de la chienne sera contrôlée 2 fois par jour pendant 10 à 14 jours. Une légère hyperthermie peut être le signal d'alarme d'un début de mammite ou de métrite Cependant, le début de lactogenèse (sécrétion de lait) peut s'accompagner d'une hyperthermie (sans atteinte de l'état général), conséquence d'une augmentation du métabolisme énergétique de l'organisme pour satisfaire aux besoins de la sécrétion.

 

Le propriétaire devra quotidiennement palper et extraire du lait de chacune des mamelles pour en déceler la moindre modification au niveau de la texture de la glande ou de la consistance ou de la couleur du lait (le colostrum* et plus foncé que le lait, c'est normal, le lait ensuite doit être aprfaitement blanc).



La chienne sera alimentée le plus tôt possible après la mise-bas. Cependant, si la chienne a ingéré les placentas, elle pourra refuser la nourriture.

L'absorption des placentas peut entraîner une diarrhée profuse noirâtre 24 à 36 heures après la mise bas.



L'ocytocine sera administrée uniquement si un ou des placentas n'ont pas été expulsés, si la portée meurt ou est sacrifiée à la naissance. D’autres traitements plus "doux" existent favorisant la vidange utérine et la montée de lait.

 

Un écoulement vaginal inodore brun-verdâtre à rougeâtre est classique pendant quelques semaines après la mise-bas.

L'utilisation systématique de l'ocytocine après la mise bas ne se justifie uniquement quand les chiots sont morts nés, si l'on suspecte une rétention placentaire (ou fœtale) ou si les chiots sont enlevés à la mère dés la naissance.

Si la mère nourrit les petits, la tétée  entraine une libération d'ocytocine importante et suffisante par le cerveau.

Les antibiotiques systématiques doivent être proscrits : risque de sélection de germes bactériens agressifs et dangereux pour la chienne, les chiots et les humains.



 




Glossaire :

Involution : régression / diminution d'un organe. Exemple : involution de l'utérus après l'accouchement.

Prolapsus : sortie d'un organe en dehors de sa situation normale, en général vers le bas.

Laparotomie : incision chirugicale du ventre. La césarienne est une laparotomie par exemple.

Nécrose : altération d'un tissu consécutif à la mort de ses cellules.

Colostrum : 1er lait secrété, riche en immunoglobulines (défenses immunitaires indispensables au chiot).


Texte et crédit photos : Dr Xavier LEVY et Dr Philippe MIMOUNI du Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-ouest (CRECS)